
Elle en est soûle. »
Emile Verhaeren
La nuit a gagné depuis bien longtemps ce combat millénaire qui l’oppose à la lumière.
Des flaques de pluie renvoient les halos des multiples lampadaires aux mines débonnaires. Le va-et-vient saccadé des voitures sur le bitume détrempé distrait peu le mystérieux personnage debout derrière la vitre doublée du 6eme étage.
D’ailleurs, le bâtiment monolithique ne semble respirer que par cet interstice illuminé. La vie s’est arrêtée pour quelques heures. Les imprimantes reposent dans une semi-pénombre tandis que les cycles de refroidissement s’enchainent sur les distributeurs de boissons. Des petits yeux verts et rouges clignotent et veillent dans tous les recoins.
A l’instar d’un passe-muraille moderne, traversons ces cloisons bardées d’électroniques pour tenir compagnie à cet étrange drille. Suivons ce mur beige, foulons cette moquette et matérialisons-nous à ses côtés. Contemplons ce visage tourné vers la rue criblée de gouttes. Des traits durs qui s’entrelacent en arabesques douloureuses se reflètent sur la surface de verre. Un rictus à la hauteur d’un effort de concentration extrême, presque inhumain.
Le bureau est austère, épuré.
Une musique en sourdine diffuse le son discordant de violons martyrisés dans une symphonie morbide. Des accords plantifs s’élèvent telles des flèches assassines. Une cacophonie baroque autant que démente. Un vagissement de damnés. Pourtant, de la silhouette immobile, s’échappe un fredonnement. L’homme apprécie cette litanie grinçante.
Cet homme, plus communément appelé l’Eminence Grise, échafaude un plan de destruction qui n’a qu’une seule cible :
Will Baxter
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