Chapitre 4 : Accélération
Gerard Loumet s'égosillait à l'instant où je franchissais la porte. La moquette amortit mes pas si bien qu'il poursuivit son échange téléphonique avec une violence décuplée, exultant, hennissant
et grognant. Je me demandai comment son interlocuteur pouvait encaisser de tels assauts verbaux sans mettre fin abruptement à cette communication par un magistral raccroche-pif.
Je m'avançais dans son champ de vision. Ce mouvement, au lieu de calmer notre cher Gerard, le rasséréna et il repartit de plus belle en pérorant sur une sombre histoire de coût de confection d'une maquette. Il s'agissait à n'en pas douter du lancement d'un produit qui allait devenir le « must » des linéaires dans tous les magasins de France.
La conversation s'acheva enfin.
« Putain de Bordel, c'est quand même pas compliqué d'appliquer des directives et de comprendre des schémas.»
Il me tendit la main que je serrais. La poigne était molle et légèrement poisseuse.
« Salut Gérard, que se passa ? » m'enquis-je.
« L'autre con de Barber est pas foutu de faire bosser ses équipes pour fabriquer des maquettes avec les bonnes couleurs »
Je haussai les épaules, compatissant : « c'est toujours le même problème. Tu m'offres un café ? »
La machine à café trône au milieu d'un espace design qui connaît un trafic phénoménal. Le chiffre d'affaire réalisé sur ces quelques mètres carré ferait pâlir d'envie la plupart des financiers.
A certaines heures, le brouhaha causé par le nombre de buveurs de thé et de café est si important qu'on ne s'entend même plus penser.
C'est dans cet environnement que Gerard allait dans quelques minutes m'annoncer une nouvelle qui bouleverserait ma vie pour quelques
années...
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