CHAPITRE 4: Accélération Chapitre 3: Errare Humanum Est
J'ai parfois l'impression de travailler au sein d'une gigantesque exposition de caricatures. Mes collègues de bureau sont tous calqués sur de splendides stéréotypes. Tenez par exemple, mon chef, Gerard Loumet, 47 ans, le crâne lunaire (manière poétique de décrire la calvitie partielle), des lunettes cerclées d'or au milieu desquelles tournoient deux petits yeux de fouine. Je dis "tournoie" car ils réalisent parfois de véritables arabesques en fixant le monde environnant. Un jour, ils resteront bloqués dans un involontaire et définitif strabisme. La partie haute du visage est d'ailleurs la plus expressive. En revanche, la partie basse est la plus bruyante. En effet, une bouche aux fines lèvres s'ouvre invariablement pour laisser échapper vociférations et insultes. Il semble que Gérard a des comptes à régler avec toute la terre. Enfin la population féminine de la Terre (je n'ose imaginer qu'il s'agisse de lâcheté ou d'intimidation). Il affuble les dames et demoiselles des différents étages de sympathiques sobriquets tels que "Greluche" ou encore "connasse" tout en admirant tout haut certains attributs voluptueux. Les propriétaires de ces attributs se voient alors dotées d'un affectueux "salope". Cela demeure donc sensible, raffiné et distingué. Ajoutez à ce vocabulaire d'une autre époque un ton moqueur et geignard, remuez et vous obtiendrez un magnifique spécimen de mysogine râleur et acariâtre au dernier stade de l'évolution.
L'erreur est donc bien humaine...
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